Si tout le monde a une idée bien précise de ce que le perfectionnisme représente, c’est une citation de Paul Valéry (écrivain et philosophe français du XXème siècle) qui le résume de la plus belle des manières :

 

« La poursuite des perfectionnements exclut la recherche de la perfection. Perfectionner s’oppose à parfaire ».

Le perfectionnisme, c’est cette volonté de toujours repousser ses limites, de faire mieux, de ne pas rester en surface, mais d’entrer systématiquement dans le détail.

De cette vision pointue découle une remise en cause de la satisfaction liée à l’effort, une moindre tolérance (aussi bien personnelle que vis-à-vis d’autrui) et un affaiblissement concret de la confiance en soi.

Un constat objectif de ce trait de caractère le décrirait donc comme nuisible, substantiellement dévastateur et contraire à l’idée d’atteinte du bonheur ou de l’épanouissement personnel.

Le perfectionnisme, quand il atteint son paroxysme est  un frein au bien-être.

Mais son absence totale peut elle aussi vous affecter négativement, favorisant l’apparition de la procrastination, du contentement et de la médiocrité.

 

Voilà donc tout l’enjeu de la définition de cette notion : comprendre dans quelle mesure le perfectionnisme affecte votre efficacité, votre définition d’objectifs et votre aptitude à les réaliser.

  1. Perfectionnisme et pensée exclusive : êtes-vous un(e) adepte du « tout ou rien » ?

Le perfectionnisme s’exprime très souvent par cette volonté d’atteindre des objectifs requérant sacrifices et acharnement.

Seulement, contrairement à un état d’esprit proactif, un désir d’amélioration personnelle à travers le travail et la reconnaissance que l’on peut en tirer, le perfectionnisme pousse au négativisme, à ne s’intéresser qu’aux manquements de ce processus sans jamais reconnaître le chemin parcouru jusqu’alors.

Cette vision exclusive impliquant qu’un objectif ne soit réalisé que quand chacun des détails ait été exploité à hauteur de son potentiel maximum tend à nous faire formuler de trop fortes attentes et au final à rayer le mot « presque » de notre vocabulaire personnel.

Résultat ? Le perfectionnisme nous pousse à gaspiller notre temps sur des projets qui pour beaucoup sembleraient bouclés, mais qu’on veut « améliorer ».

  1. Perfectionnisme et jugement personnel : êtes-vous trop critique envers vous-même ?

Le perfectionnisme a pour nature de renforcer l’esprit critique, c’est une évidence.

À tel point d’ailleurs que les retours positifs des autres membres de notre environnement nous agacent, ne paraissent pas objectifs.

Comment peut-on apprécier votre travail, votre performance, alors que tout n’est pas parfait ?

La peur de l’échec (comprise ici comme l’incapacité à fournir un résultat optimisé) est tellement présente, qu’elle remet en cause les liens sociaux, pousse à l’isolement et à la mise en valeur d’une incompréhension du monde qui nous entoure à notre égard…

Dans certains cas, le perfectionnisme peut même nous amener à élargir cet esprit critique aux autres individus, les considérant médiocres, suffisants, puisque refusant de s’acharner comme nous le ferions.

Médiocres peut-être, moins stressés, certainement !

  1. Perfectionnisme et manque d’objectivité : savez-vous mesurer votre potentiel ?

Le perfectionnisme entraîne une confusion quant à la définition de notre propre potentiel.

Au lieu de percevoir les progrès réalisés et d’en tirer une certaine motivation, c’est l’écart existant avec la réalisation finale de l’objectif qui nous pousse à multiplier les efforts.

Cette stimulation psychologique peut certes être efficace à court terme, mais l’absence de satisfaction personnelle et la peur de ne pas atteindre la perfection prédominent, nous aveuglant, nous faisant perdre en objectivité en ce qui concerne nos capacités personnelles.

D’autre part, il est avéré que la définition d’objectifs engendrée par le perfectionnisme est bien souvent irréaliste, ce qui remet en question la possibilité même de les accomplir et par là, d’atteindre le bonheur.

En somme, le perfectionnisme peut être assimilé à un cercle vicieux.

  1. Perfectionnisme et troubles psychologiques : avez-vous confiance en vous ?

La volonté de toujours aller plus loin, de sans cesse faire mieux et de ne pas s’arrêter en cours de route pour analyser le chemin parcouru pousse évidemment à se concentrer sur la déception et l’aspect négatif lié au processus de réalisation d’un objectif.

En réalité, si le perfectionnisme stimule notre professionnalisme et l’esprit de compétition il remet aussi en cause la notion d’estime de soi et de confiance en soi.

Comment peut-on croire en nous même si nous nous obstinons à poursuivre une chimère, un but qui n’existe pas, qu’on ne peut atteindre ?

Si notre bonheur repose sur la satisfaction personnelle et que cette dernière est tout simplement écartée des dispositions psychologiques adoptées lors de l’adoption d’un tel état d’esprit, comment alors imaginer pouvoir s’épanouir ?

La confiance en soi, c’est la capacité à reconnaître sa valeur, à s’accorder le droit de ne pas réussir et de tirer profit de nos échecs

  1. Perfectionnisme et isolement psychologique : comment se porte votre cercle social ?

En plus du développement d’un esprit critique et de l’affaiblissement de la confiance en soi, le perfectionnisme semble déposséder les personnes l’adoptant de toute objectivité relationnelle.

La critique devient ainsi une attaque personnelle et le regard des autres prend une toute nouvelle dimension : celle d’un immense juré qui analyserait nos performances dans les moindres détails et incapable de nous accorder la moindre valeur en cas de faux pas.

À ce petit jeu, la méfiance se développe naturellement.

Le perfectionnisme pousse donc à se refermer sur soi-même et à ne voir que l’impact négatif de toute relation sociale.

Plus ce trait de caractère est puissamment ancré en nous, plus il est dans les faits difficile de s’adapter à un environnement que nous percevons comme hostile.

Vous le comprenez, le perfectionnisme est loin d’être une disposition psychologique vous permettant de vous épanouir, que cela soit personnellement ou au contact des autres.

Il est source de stress, de subjectivité et d’une remise en question de notre potentiel personnel.

Ne soyez cependant pas inquiet. Comme tout phénomène lié à notre système de valeurs ou de pensée, il peut être relativisé grâce à l’introspection et à la mise en relief de ses effets sur notre quotidien.

Reste à savoir si nous serons capables de nous lancer dans une réflexion aussi profonde !

L’ADDICTION :

 

Etat dans lequel un comportement est réalisé dans le but de produire :

 

  • une satisfaction (comportement impulsif) et
  • disparition de sensation aversive (comportement compulsif),
  • une incapacité à contrôler le comportement et
  • le maintien du comportement en dépit des effets négatifs

 

Les modalités des addictions sont fixes :

 

  • rencontre
  • consommation
  • plaisir
  • renouvellement de consommation, à l’origine du même plaisir, qui devient essentiel dans l’économie du sujet
  • disparition du plaisir. Sa recherche devient la raison d’être du sujet (perte de sa liberté vis-à-vis du produit.

 

Les conduites addictives peuvent concerner :

 

  • les substances psychoactives :

– illicites : cannabis, cocaïne, LSD, héroïne-opiacés, ecstasy,…. Usage et commerce en sont

  Interdits (Loi du 31/12/1970)

– licites contrôlés : anxiolytiques, hypnotiques, antidépresseurs,… Usage privé sur

  prescription médicale

– licites non contrôlées : alcool, tabac, champignons, colles,…. Usage libre

  • d’autres comportements :

– alimentaires : boulimie

– sexe

– jeux pathologiques,…

L’usage peut être :

 

  • sans risque
  • avec risques pour la santé ou psycho social
  • nocif pour la santé et pour les relations psychosociales
  • dépendant.

 

L’inégalité de vulnérabilité aux addictions dépend de trois grands facteurs :

 

  • P : Facteurs de risque liés au Produit

– dépendance

– complications sanitaires, psychologiques et sociales

– statut social du produit

  • I : Facteurs Individuels de vulnérabilité

– génétiques

-biologiques

– psychologiques

– psychiatriques

  • E : Facteurs d’Environnement

– familiaux : fonctionnement familial, consommation familiale

– sociaux : exposition (groupe social), marginalité, copains.

 

LA DEPENDANCE :

 

POUR  L’OMS

 

Etat psychique et parfois physique résultant de l’interaction entre un organisme vivant et un produit, caractérisé par des réponses comportementales ou autres, qui comportent toujours une compulsion à prendre le produit de façon régulière ou périodique pour ressentir ses effets psychiques et parfois éviter l’inconfort de son absence (sevrage). La tolérance peut être présente ou non.

 

POUR  LE DSM IV

 

Présence depuis 12 mois de 3 à 7 des manifestations suivantes :

  • tolérance
  • sevrage
  • augmentation de la quantité consommée ou de sa durée
  • besoin de faire un effort pour contrôler la consommation
  • période longue passée pour obtenir le produit, à l’utiliser ou à récupérer de ses effets.
  • abandon d’activités au profil de l’addiction
  • poursuite de l’usage en dépit de l’existence de problèmes physiques ou psychiques

 

TOLERANCE

 

Inefficacité de la dose initiale pour obtenir l’effet recherché.

Nécessité d’une dose de produit supérieure pour obtenir le même effet

 

SEVRAGE

 

Symptômes additionnels apparus lors de l’interruption brutale d’un produit entrainant une dépendance

 

ADDICTIONS ET COMORBIDITES  PSYCHIATRIQUES

 

Existence chez le même individu d’une addiction et d’un autre trouble mental, simultanément ou successivement .

 

  • cette comorbidité est fréquente
  • elle appelle à l’identification du trouble primaire et en conditionne l’évolution

 

Les comorbidités les plus fréquentes sont :

 

  • Les troubles de l’humeur :

– dépressions

– troubles bipolaires, …

  • Les troubles anxieux :

– troubles anxieux

– troubles d’anxiété générale, …

  • Les troubles psychotiques

– schizophrénie surtout, …

  • Les troubles de la personnalité

– personnalité antisociale

– personnalité limite

– personnalité histrionique

– personnalité dépendante

 

Le pronostic  des comorbidités est  plus sombre que celui des troubles pris séparément :

 

  • les symptômes psychiatriques sont plus sévères
  • plus d’évolution chronique
  • plus de rechutes
  • moins bonne compliance
  • traitements moins efficaces
  • plus grand risque de suicide et d’auto agressivité
  • plus d’hospitalisations
  • plus de complications judiciaires et plus de difficultés sociales
  • plus d’infections VIH et VHC
  • comportement agressif lors des intoxications
  • plus de recours aux services de soins et aux traitements

 

PRISE EN CHARGE

 

Objectifs:

 

  • abstinence : sevrage total et définitif
  • prévention des rechutes
  • amélioration de la qualité de vie et par voie de conséquence, réinsertion socioprofessionnelle

 

Différents temps du traitement :

 

  • information
  • motivation au changement et au sevrage (entretiens motivationnels)
  • psychothérapie ( TCC pour l’essentiel, EMDR en cas de TSPT)
  • thérapies individuelle et de groupe
  • traitements « addictolytiques » : substituts nicotiniques, Acomprosate, Naltrexone, Subutex, Méthadone, …
  • prise en charge des comorbidités psychiatriques.

 

Prise en charge thérapeutique intégrée dans le centre :

 

  • traitement addictologique et psychiatrique
  • coordination entre les différents thérapeutes
  • souplesse et multiplicité des programmes et outils
  • individualisation des projets thérapeutiques
  • adaptation de la thérapie à l’environnement du sujet
  • coordination du traitement par le référent-patient

Les risques psychosociaux au travail peuvent avoir des conséquences graves sur la santé mentale et physique des employés. L’anxiété, le trouble de stress post-traumatique (TSPT) et la dépression sont des troubles mentaux couramment associés aux risques psychosociaux au travail. Ces troubles peuvent être causés par des facteurs tels que le stress excessif, la violence, l’intimidation et l’épuisement émotionnel.

1 –  L’anxiété

Quand elle est responsable d’une souffrance clinique significative ou d’une altération du fonctionnement psychologique, social, professionnel, on parle de troubles anxieux.     

                 

Les troubles anxieux sont composés d’un groupe hétérogène (DSM-IV-TR, 2003) :

  • Trouble Anxieux Généralisé (TAG) : tendance pathologique aux soucis
  • Trouble Panique : répétition invalidante d’attaques de panique et anxiété anticipatoire de faire de nouvelles attaques de panique
  • Phobies spécifiques : crise d’angoisse face à des objets ou des situations
  • Anxiété sociale : créée par des situations sociales
  • Trouble Obsessionnel Compulsif (TOC) : angoisse accompagnée d’idées

obsédantes ou de rituels

  • Stress aigu : anxiété aigüe dissociative après un traumatisme
  • Syndrome de Stress Post‐Traumatique (PTSD) : qui peut apparaître après

toute expérience traumatisante, y compris le cancer.

Le TAG occupe la 6ème place dans la liste des troubles psychiatriques par ordre décroissant de fréquence. Il est deux fois plus fréquent chez les femmes que chez les hommes. La prévalence au cours de la vie du TAG est de 15% dans la population générale, et de 3 à 5% sur l’année.

 

Les critères diagnostiques de ce trouble (DSM-IV-TR, 2003), sont :

 

A –  anxiété et soucis excessifs durant au moins 6 mois concernant un certain nombre d’évènements ou d’activités (tel le travail)

B – la personne éprouve de la difficulté à contrôler cette préoccupation

C –  l’anxiété et les soucis sont associés à trois (ou plus) des six symptômes suivants :

  • agitation ou impression d’être surveillé ou à bout
  • fatigabilité
  • difficulté de concentration ou de mémoire
  • irritabilité
  • tension musculaire
  • perturbation du sommeil, …

2–  Le Trouble de Stress Post Traumatique : TSPT

 

Un événement est dit « traumatique » lorsqu’une personne est confrontée à la mort, à la peur de mourir ou lorsque son intégrité physique ou celle d’une autre personne a pu être menacée.

Cet événement doit également provoquer une peur intense, un sentiment d’impuissance ou un sentiment d’horreur (DSM IV TR, 2003). Ce deuxième critère ne sera pas retenu par le DSM V (2013)

Il s’agit d’une exposition à la mort effective, ou à la menace de mort :

 

– en étant directement exposé

– en étant témoin direct

– en étant exposé de manière répétée et /ou extrême à un ou des événements traumatiques

– l’annonce brutale de la survenue violente et brutale d’un décès touchant un membre de la famille ou des amis, est ajoutée dans le DSM V

– elle ne s’applique pas à des expositions indirectes par l’intermédiaire des médias

Il s’agit d’un trouble réactionnel qui peut apparaître à la suite d’un événement traumatique.

Une personne qui développe un trouble de stress post-traumatique présente trois grandes classes de symptômes, (DSM IV TR, DSM V) :

  • Symptômes de reviviscence : Le patient revit continuellement la scène traumatique en pensée ou en cauchemars. 
  • Symptômes d’évitement et d’engourdissement émotionnel :

Le patient cherche à éviter – volontairement ou involontairement, tout ce qui pourrait lui rappeler de près ou de loin le trauma.

  • Symptômes d’hyperéveil :

Le patient est fréquemment aux aguets et en état d’hypervigilance malgré l’absence de danger imminent

Le TSPT complexe comporte, outre ces trois ensembles de symptômes classiques du TSPT simple, deux ensembles de symptômes associés :

  • Symptômes relatifs au sentiment de changement de la vie de soi et d’autrui. (Janoff-Bullmann et Frantz, 1997), le désignent sous les termes de modification de la signification (transformation of meaning. Le monde, après le traumatisme, est désormais perçu comme un environnement incompréhensible, dans lequel le sujet est vulnérable aux malveillances qui peuvent survenir à n’importe quel moment.
  • Symptômes émotionnels forts, non habituels dans le TSPT : tels que la colère (Foa et al., 1995), la culpabilité, la honte, le dégoût, ou la tristesse (Andrews et al., 2000. La présence et l’intensité de ces autres émotions semblent avoir des implications importantes à la fois dans le traitement du TSPT et plus généralement le rétablissement (Dalgleish et Power, 2004). La colère et la honte sont associées à un pronostic plus négatif (Andrews et al., 2000)

L’intensité et la durée du trouble post-traumatique est très variable, allant de quelques semaines à plusieurs années.

3 –  La dépression

 

La prévalence de la dépression dans la population française est d’environ 11% sur la vie antérieure, et serait de 15 à 25% sur l’année en cours. Le risque de récidive à 10 ans est supérieur à 50%. Les critères diagnostiques (DSM- IV- TR, 2003) de ce trouble sont :

A –  au moins 5 des symptômes suivants doivent être présents pendant une même période d’une durée de 2 semaines et avoir représenté un changement par rapport au fonctionnement antérieur ; au moins un des symptômes est soit une humeur dépressive, soit une perte d’intérêt ou de plaisir

  • humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, presque tous les jours signalée par le sujet (par exemple : se sent triste ou vide) ou observée par les autres (par exemple : pleure)
  • diminution marquée de l’intérêt et du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités, pratiquement toute la journée, presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres)
  • perte ou gain de poids significatif en l’absence de régime (par exemple : modification du poids corporel en un mois excédant 5%) ou diminution ou augmentation de l’appétit presque tous les jours
  • insomnie ou hypersomnie tous les jours
  • agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (constaté par les autres, non limités à un sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement intérieur)
  • fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours
  • sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut être délirante) presque tous les jours (pas seulement se faire prier ou se sentir coupable d’être malade)
  • diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision presque tous les jours (signalée par le sujet ou observées par les autres)
  • pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), idées suicidaires récurrentes sans plan précis ou tentative de suicide ou plan précis pour se suicider.

 

B – les symptômes ne répondent pas aux critères d’épisode mixte

 

C –  les symptômes traduisent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel, ou dans d’autres domaines importants, …

 

Il faut donc être plus attentif aux symptômes cognitifs et affectifs :

 

  • Le l’auto‐dévalorisation (vision douloureuse du passé).
  • Le la culpabilité (envahissante, généralisée).
  • Le l’anesthésie affective, l’indifférence.
  • Le la perte de la capacité à prendre plaisir, même minime et au quotidien.

 

En conclusion sur les  aspects cliniques des risques psychosociaux

 

En conclusion, l’anxiété, le trouble de stress post-traumatique (TSPT) et la dépression sont des troubles mentaux couramment associés aux risques psychosociaux au travail. Ces troubles peuvent avoir des conséquences graves sur la santé mentale et physique des employés, affectant leur qualité de vie, leur rendement au travail et leur bien-être général. Il est important de prendre conscience de ces troubles mentaux et de les reconnaître chez les employés. Il est également important de sensibiliser les employés aux risques psychosociaux et de les encourager à demander de l’aide si nécessaire. Enfin, il est crucial d’établir des procédures pour protéger la santé mentale des employés et de créer un environnement de travail sain.

Le trouble bipolaire est une perturbation de l’humeur récurrente, le plus souvent chronique, dont les formes sont très variées et trompeuses, amenant à définir plusieurs types de bipolarités.

Ces troubles se manifestent tout au long de la vie et sont généralement source de perturbations psychologiques personnelles, familiales et socioprofessionnelles délétères.

Ce trouble de l’humeur représente la sixième cause de handicap mondial. La prévalence sur un an est estimée à 1,7 % de la population générale (Rouillon, 2008) et ce indépendamment de l’origine ethnoculturelle. Tous les pays sont concernés, autant les hommes que les femmes. Le taux de 1,7 % rapporté à la population générale française, représenterait directement plus de six mille personnes.

La majorité des troubles bipolaires se manifeste par la survenue d’épisodes maniaques et dépressifs, et de périodes inter critiques encore appelées « intervalles libres ». Cette succession de montées et de baisses de l’humeur, de « hauts et de bas », débute en général vers l’adolescence, soit entre 15 et 24 ans.

Malheureusement cette altération de l’humeur est encore diagnostiquée tardivement, après environ une dizaine d’années d’évolution. Les manifestations à bas bruit, passant par l’exacerbation d’un comportement normal, expliquent ce retard de diagnostic.

Cette période, pendant laquelle la maladie n’est pas traitée, s’accompagne souvent d’une dégradation psychologique et sociale, d’hospitalisations, de ruptures de parcours scolaire, professionnel, d’une augmentation du taux de mortalité,…

La prévention du trouble bipolaire passe par la prise en charge thérapeutique et par un meilleur dépistage des troubles. Ce repérage concerne bien sûr la forme classique de la maladie dite de type I mais aussi les formes atténuées du trouble (type II, cyclothymie,…) qui, selon différentes études atteindrait 10 % à 12 % de la population générale française (soit environ 6000.000 de personnes). L’usage des substances psychoactives (tabac, alcool, cannabis) est retrouvé dans plus de 40 % des cas. Le tabagisme y est important avec généralement une forte dépendance.

Une étude en 2002, a concerné 200 fumeurs dépendants (Fagerström ≥ 5) avec une absence de troubles psychologiques l’année précédente. Cette étude a révélé la prédominance d’états dépressifs majeurs (73 % dans les antécédents du patient et 23 % actuels), or le tiers des dépressions unipolaires sont en fait des formes bipolaires, (Angst, Akiskal, Hantouche).

 

Fréquence des troubles bipolaires en population générale

 

Si la prévalence mondiale est de 1,2 % pour le trouble bipolaire I (ex-psychose maniaco- dépressive), son estimation est d’environ 3% pour l’hypomanie (Angst, 1992) et entre 5% et 12% de la population générale pour les troubles bipolaires atténués.

La prévalence des troubles bipolaires de type II passe de 0,5% à 6,4%, si on inclut les patients souffrant d’hypomanie brève, c’est-à-dire d’une durée de deux jours. Angst et al. (2003) ainsi que Judd et al. (2003) ont montré que ces patients devaient être pris en compte au même titre que les autres patients bipolaires, leur évolution à long terme étant similaire (Lakshmi, 2005).

En population « clinique », on estime la prévalence des troubles bipolaires entre 10% et 15% des consultations de psychiatrie générale (Rouillon et al., 1997). Ainsi près d’une personne sur six serait concernée.

Le trouble bipolaire touche autant les hommes que les femmes, quels que soient leur origine socioculturelle ou leurs niveaux socio-économiques. Cependant il y aurait plus d’épisodes dépressifs chez la femme et plus de manies unipolaires chez l’homme.

L’âge de début des troubles se situe généralement à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte (15 à 25 ans en moyenne). Il convient néanmoins de signaler la grande hétérogénéité de l’âge de début du trouble. Chez la personne âgée, il est alors souvent associé à une pathologie cérébrale organique (Tohen et al., 1995)

Selon la National Depression and Manic Depressive Association seulement 37% des patients auraient un emploi aux Etats-Unis. Au Royaume-Uni ce taux est de 46%. En France, Romans et coll. (1992) ont montré que 51% de ces sujets n’occupaient pas d’emploi rémunéré, que 22% ne travaillaient qu’à temps partiel et que seulement 16% avaient un emploi rémunéré à temps plein. Les conséquences sociales sont donc très importantes.

 

Fréquence des troubles bipolaires dans les addictions

 

La fréquence des conduites addictives chez les sujets souffrant de trouble bipolaire est 6,6 fois supérieure à celle observée en  population générale (Rouillon, 1997).                                    

L’étude NESARC (National Epidemiologic Survey on Alcohol and Related Conditions) du NIAAA (National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism), menée en population générale sur plus de 43 000 sujets a permis d’évaluer la fréquence des troubles bipolaires chez les patients présentant des conduites addictives :

– 33% des sujets dépendants aux opiacés avaient présenté un épisode maniaque au cours de leur vie, 10% un épisode hypomaniaque,

– 25% des sujets dépendants à la cocaïne avaient présenté un épisode maniaque au cours de leur vie, 9% un épisode hypomaniaque,

– 23% des sujets dépendants au cannabis avaient présenté un épisode maniaque au cours de leur vie, 10% un épisode hypomaniaque. Ces chiffres sont plus élevés que ceux constatés en population générale.

Chez les sujets alcoolodépendants, 7,6% avaient présenté un épisode maniaque dans les 12 mois précédant l’étude, 5% un épisode d’hypomanie. La consommation d’alcool est plus fréquente lors des épisodes maniaques que lors des épisodes dépressifs.

Le rôle du trouble bipolaire dans la dépendance tabagique a bien été souligné dans les travaux de Schermann (2004) – tableau 1 – et de Hughes (1986) – tableau 2.

 

 

Tableau1 : Fréquence des troubles psychiatriques chez 4075 fumeurs (actuels : 37%, dont 39% dépendants), âgés de 42 ans en moyenne. Les critères  du  diagnostic sont le DSM. Les  fumeurs dépendants sont comparés aux fumeurs non  dépendants (O.R)

 

                          _________________________________________________

                         

                          Troubles psychiatriques                                   Odds Ratio

                          _________________________________________________

 

                          Troubles de l’humeur                                        1,9

                          __________________________________________________

 

                           Dépression majeure                                          1,7

                          __________________________________________________

 

                           Dysthymie                                                         1,5

                          __________________________________________________

 

                           Troubles bipolaires I et II                                 4,7

                          __________________________________________________

                         

                           Troubles anxieux                                               2,1

                          __________________________________________________

 

                           Anxiété généralisée                                          1,8

                          __________________________________________________

 

                           Phobies sociales                                                2,0

                          __________________________________________________

                    

                           TOC                                                                  2,8

                          __________________________________________________

 

                           Troubles paniques                                             2,2

                          __________________________________________________

 

                           Agoraphobie                                                     1,6

                          __________________________________________________

 

 

Ce travail est particulièrement important. C’est essentiellement chez les fumeurs avec dépendance tabagique selon le DSM (donc dépendance tabagique importante), qu’existe une association significative avec les troubles psychiatriques.

 

 

Tableau 2 : Fréquence du tabagisme en consultation psychiatrique

 

                          __________________________________________________

                           Schizophrénie                                                   88 %

                          __________________________________________________

 

                           Trouble bipolaire                                              70 %

                          __________________________________________________

 

                           Dépression majeure                                           49 %

                          __________________________________________________

 

                           Troubles anxieux                                               47 %

                          __________________________________________________

 

 

 En conclusion, il s’avère que les troubles affectifs, de loin les plus fréquents, sont les troubles bipolaires. il s’avère aussi que les addictions sont fréquemment associées à ces troubles. Il est important de rechercher ces troubles bipolaires frustes d’une manière systématique devant toutes addictions importantes ou devant les polyaddictions car les résultats thérapeutiques sont très probants.