Les psychothérapies familiales  

 

 Elles se justifient (différentes études le précisent) par l’importance du stress dans l’évolution du trouble, ainsi que par la demande pressante de l’entourage d’en recevoir davantage d’informations.

– Les interactions familiales sont perturbées, du fait qu’elles paraissent en même temps causes et conséquences de la maladie (souvent très négatives, à type de ruptures familiales, de séparations, de passage à l’acte)

– Une approche psychoéducative auprès de l’entourage des patients souffrant de ce trouble, a été le corollaire de plusieurs travaux (Miklowitz et al., 1988, Priebe et al., 1989, Miller et al., 1991, O’Connel et al., 1991). La finalité de cette approche est d’obtenir :

  • une meilleure compréhension des symptômes du trouble bipolaire
  • une meilleure acceptation de la maladie
  • un meilleur repérage des signes annonciateurs d’une chute
  • une meilleure connaissance des facteurs de stress, …

– La combinaison du traitement thymorégulateur et de la thérapie familiale a prouvé son efficacité sur l’évolution du trouble (diminution des rechutes et des hospitalisations, augmentation de l’observance médicamenteuse et réduction de la souffrance de l’entourage)

 

Les psychothérapies psychoéducatives

 

C’est une formation théorique et pratique des patients (et entourage proche éventuellement) pour une meilleure compréhension de la maladie et ses différentes thérapies.

Le rôle des thérapies psycho-éducatives a longtemps été sous-estimé. Actuellement, de nombreuses études leur octroient un niveau de preuve d’efficacité élevé

En 1980, les thérapies psycho-éducatives associées à la prescription de lithium, diminuent le taux d’hospitalisation et améliorent l’observance du traitement. En 1985, avec l’ajout des stratégies de résolution de problème, le taux de rechute et le niveau d’adaptation sociale continuent de s’améliorer. On préconise de plus en plus, de débuter cette thérapie dès la phase d’hospitalisation, même en phase aigüe.

Les mécanismes d’action de la psychoéducation s’opèrent à 3 niveaux :

– les mécanismes élémentaires ou objectifs partiels de premier niveau visent :

  • la prise de conscience de la maladie
  • la détection précoce des symptômes
  • l’observance du traitement

– les mécanismes secondaires ou objectifs partiels de deuxième niveau visent :

  • le contrôle du stress, de l’abus substances et de toxiques
  • la régulation du style de vie
  • la prévention des conduites suicidaires

– les mécanismes de troisième niveau ou objectifs d’excellence visent :

  • le renforcement des connaissances et de la gestion des conséquences psychosociales

  engendrées par les épisodes passés et à venir

  • le renforcement des activités sociales et interpersonnelles entre les épisodes
  • l’abrasion maximale des symptômes résiduels afin d’améliorer le bien-être et la qualité de

  vie. 

Si le nombre des épisodes et des hospitalisations ne diminuera qu’après acquisition des objectifs d’excellence, une amélioration de l’évolution de la maladie est perceptible avec la validation partielle des objectifs du second et troisième niveau. La démarche aura échoué, si les objectifs du niveau 1 ne sont pas acquis.

Le programme psycho-éducatif long (environ 6 mois), a l’avantage de permettre une observance du traitement médicamenteux, et par voie de conséquence une meilleure stabilité thymique. Le programme de Barcelone, s’insère dans ce cadre, avec une thérapie de 20 séances.

 

La thérapie comportementale et cognitive (TCC)

 

C’est une thérapie psychologique brève, comprenant une vingtaine de séances environ, avec des objectifs personnalisés (y compris lors de la thérapie de groupe).

Tous les programmes de cette thérapie, sont très structurés et s’organisent en trois temps :

1 – Une phase de psycho-éducation

Cette démarche a été mise en pratique, il y’a plus de 15 ans, avec les patients bipolaires de type I (programme court avec quatre ou cinq séances). Le programme actuel, en psychothérapie éducative, comprend vingt-et-une séances de deux heures chacune (Colonn et al., 2006). La thérapie comportementale et cognitive, réserve à la psycho-éducation le 1/3 du nombre total des séances.

2 – Une phase de techniques particulières comportementales et cognitives

Les patients bipolaires apprennent ainsi une dizaine d’outils TCC, qu’ils peuvent ensuite utiliser en fonction de leurs besoins. Cela leur assure moins de conflits interpersonnels, moins de défis et de challenges en tout genre, et facilite une reprise des activités personnelles, sociales et professionnelles.

Elle permet une identification minutieuse des signes précurseurs précédant les rechutes thymiques avec la collaboration de la famille et de l’entourage amical. Une identification des facteurs de stress, précédant les rechutes, permet de compléter la compréhension de la maladie. La prévention est ainsi effectuée sur tous les niveaux psychologiques.

3 – Une phase de consolidation : durant les deux dernières séances

La construction d’une alliance thérapeutique particulière, visera tout au long de la thérapie, à responsabiliser, à autonomiser et à transformer le patient, en acteur par rapport à sa maladie

Les programmes les plus utilisés dans la thérapie du trouble bipolaire, sont :

– le programme de Bauer et Mc Bride : groupe, 20 séances sur un an, objectif : une meilleure

gestion de la maladie et une amélioration du fonctionnement social et professionnel

– le programme de Basco et Rush : individuel, 20 séances sur un an, objectif : améliorer la

compliance médicamenteuse, informer sur la maladie et prévenir les rechutes

– le programme de Lam : individuel, 20 séances sur un an, objectif : améliorer la compliance

médicamenteuse, informer sur la maladie et prévenir les rechutes

– le programme de Newman : individuel, non codifié, objectif : améliorer la compliance

médicamenteuse, informer sur la maladie et prévenir les rechutes